Des arbitres et leur instructeur Fadouma Dia présentes au tournoi de qualification à la Ligue africaine féminine des champions TotalEnergies ont salué la tenue de cette nouvelle compétition (24 au 30 juillet) qui les aidera dit dans la maîtrise de leur métier qui ne leur empêche nullement de vivre leur féminité.
La Malienne Rokia Fofana : Pour l’amour du football : ‘’Au début, j’étais dans l’athlétisme, j’ai couru dans de grandes compétitions, j’aurais pu faire une reconversion dans la première discipline olympique mais l’amour du football a pris le dessus. Mon papa et mes frères ont joué au football et à défaut de pratiquer ce sport, je suis allée dans l’arbitrage et ça a commencé depuis 2007. Au début, l’apprentissage, ce n’était pas une partie du plaisir notamment à cause de l’absence de compétitions féminines de haut niveau au Mali. Mais notre amour du métier a pris le dessus. Les hommes tolèrent et respectent les femmes arbitres et ce tournoi international de Mindelo va beaucoup nous apporter. Avec l’aide et le soutien de nos aînées (Fadouma Dia et Fatou Gaye), c’est clair que ça ira de l’avant’’.
La Mauritanienne Aissata Lam : A bas les préjugés : ‘’Vous ne pouvez même pas imaginer les difficultés vécues pour arriver à ce niveau. Dans la famille, il n’y avait aucun souci mais c’est plutôt la société mauritanienne qui a du mal à accepter les femmes pratiquant le sport. Les gens ont du mal à tolérer une femme qui s’habille pour faire du sport. Ils se demandent si j’étais une fille ou un garçon. Avec le soutien de la famille et des amies, je suis passée outre et j’ai continué mon amour de l’arbitrage. Je tiens à dire merci à mon père qui a mis tous les atouts de mon côté. L’arbitrage n’est pas un problème et on peut faire bien mener de front l’arbitrage et notre vie de femme. Avec mes amies, j’aime me faire belle et c’est moi qui aide les amies à faire leur toilette. Et actuellement après avoir travaillé dans une entreprise comme caissière, je mène mes propres affaires. Ce tournoi est tombé à pic pour nous autres après avoir sifflé des matchs internationaux et un tournoi en Sierra Leone’’.
Fatou Bintou Sène (Sénégal) : Pour l’amour d’un défi : ‘’J’ai commencé l’arbitrage à 16-17 ans pour relever un défi en voulant faire la même chose qu’une femme que j’ai vu siffler lors d’un match du championnat national populaire pendant les vacances. Mais je suis sportive de nature et j’ai eu la chance d’avoir eu dans mon cursus scolaire d’avoir eu comme enseignant en éducation physique et sportive un arbitre de football. Il m’a soutenu et beaucoup encouragé en m’exigeant de continuer mes études. Finalement, j’ai continué mes études jusqu’au niveau universitaire avant de faire le concours d’entrée dans l’enseignement. Et maintenant, je continue mon métier à Ross-Béthio (nord) tout en continuant l’arbitrage qui m’aide à garder mon sang-froid. Et au finish, l’arbitrage m’apporte dans la pratique de mon métier. L’arbitrage ne nous empêche pas d’être des femmes et actuellement, je peux dire merci aux anciennes Fadouma et Fatou qui ont défriché le chemin et montré la voie parce que j’imagine que ce n’était pas évident du tout d’affronter le regard des autres. Pour celui qui voudrait convoyer en justes noces avec moi, mon mari, il va accepter mon choix, mon métier. Puisqu’il m’aime, il va être forcément tolérant’’.
Mame Coumba Faye (Sénégal) : Pour perpétuer la tradition sportive familiale : ‘’J’ai joué au football avec les garçons jusqu’à l’âge de 12 ans et c’est après c’est avec les conseils de mon père que j’ai finalement lâché tout pour me consacrer à l’arbitrage. Et j’ai eu la chance d’avoir le soutien de la famille puisque mon père était footballeur et ma mère athlète. Mon premier match, c’était un tournoi à Rufisque et je peux vous assurer que c’était compliqué et je l’ai terminé en pleurs. Et je peux vous assurer que plusieurs voyaient en moi un mannequin avec la stature et ma taille à l’exception de celui qui est devenu plus tard mon mari. Il n’a jamais arrêté de m’encourager et de me soutenir à toujours persévérer. Et puisque c’est un grand arbitre, les choses se sont passées le plus normalement du monde pour moi. Mes ambitions, c’est de siffler toutes les compétitions possibles et ce tournoi TotalEnergies Mindelo 2021 va m’aider à aller de l’avant. Et ce tournoi m’ouvre une première voie sur l’international’’.
Fanta Koné Keita : Au début, un heureux concours de circonstance : ‘’Le football, je l’ai pratiqué pendant longtemps et c’est lors d’un tournoi en Norvège que j’ai commencé l’arbitrage. Et à partir de là, je n’ai jamais lâché même si ça a été difficile avec des quolibets de certains qui nous demandaient d’aller nous occuper de nos foyers. Mon premier match, j’ai sifflé à Bamako lors d’un tournoi des garçons et à la fin de la rencontre, j’ai pleuré à chaudes larmes. Heureusement que maintenant, les choses se passent mieux et j’ai la chance d’avoir eu après mon père, le soutien indéfectible de mon mari qui est un sportif. Après mon accouchement de jumeaux qui n’ont pas encore deux ans, il était à mon côté. Et c’est lui d’ailleurs, qui me prenait par la main pour mon retour à la compétition. Je n’ai pas de mots pour le remercier de ce soutien pour me pousser à l’aller de l’avant. Sans son aide, je ne serais peut-être pas arrivée. Et mon rêve, c’est d’aller siffler en Australie lors de la coupe du monde 2023 après avoir sifflé des Coupes d’Afrique des nations’’.